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Comment le secteur immobilier protège les villes contre le changement climatique

De meilleures normes de construction font partie des efforts pour que les nouveaux bâtiments résistent au changement climatique

01 novembre 2020

Les feux de forêt, les ouragans et les inondations font partie des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont des répercussions sur le secteur immobilier, lequel doit s’assurer que l’environnement construit peut faire face aux effets du changement climatique.

Une solution qui gagne en popularité pour protéger des milliards de dollars de propriétés : de meilleures normes en matière d’efficacité et de conception qui garantissent la résistance des bâtiments à la hausse croissante des phénomènes et des conditions climatiques.

Au cours des dernières années, plusieurs normes et cadres de référence mondiaux ont été établis concernant la carboneutralité et le volet écologique des bâtiments. Cependant, jusqu’à tout récemment, peu d’entre eux proposaient des orientations ou évaluaient la résilience aux impacts liés au climat.

« Les bâtiments écologiques et carboneutres sont si importants du point de vue de l’atténuation du changement climatique, mais nous devons en outre songer à la résilience, déclare Lucy McCracken, associée de l’équipe de durabilité mondiale de JLL. Les codes et les normes du bâtiment peuvent s’avérer efficaces pour réduire au minimum les répercussions d’événements météorologiques extrêmes sur les bâtiments et les communautés. »

Par exemple, les codes peuvent promouvoir l’utilisation d’une construction résistante au vent ou à la chaleur, ou une meilleure gestion des eaux pluviales.

Des normes volontaires sont développées pour orienter une conception résiliente. Prenez RELi, un système de notation et de certification unique axé sur la résilience climatique, qui assure la planification et la conception, la préparation aux situations d’urgence et la cohésion sociale.

« Les normes écologiques des bâtiments atténuent l’impact de la propriété sur l’environnement, mais la résilience vise à s’assurer que l’environnement construit peut résister aux éléments extérieurs », ajoute Mme McCracken.

Une conception pour les décennies à venir

Des villes des États-Unis, du Canada et de l’Australie ouvrent la voie à la mise en œuvre de nouvelles normes. 

Boston compte sur un groupe consultatif sur le climat et des politiques selon lesquelles des mesures de résilience climatique doivent être mises en place dans les nouveaux bâtiments. De plus, l’initiative Climate Ready Boston a été mise en œuvre pour s’assurer que les projets d’envergure sont planifiés en vue de futurs scénarios climatiques.

Toronto et Melbourne ont rédigé des listes de contrôle et des lignes directrices pour certains domaines tels que les phénomènes météorologiques extrêmes, les génératrices auxiliaires pour les services essentiels, les mesures de prévention d’inondations et la préparation du locataire pour améliorer la planification de la résilience climatique dans de nouveaux développements ou des réaménagements d’envergure.

« Les autorités locales dans ces marchés participent et disent que la résilience est un enjeu d’importance à l’avenir », déclare Matthew McAuley, directeur, recherche mondiale chez JLL.

Le risque d’ignorer les normes de résilience

La résilience est une tendance à la hausse dans le contexte immobilier, car les investisseurs désirent de plus en plus comprendre comment se protéger des risques et des futures pertes financières.

Par exemple, des bâtiments plus résilients requièrent souvent moins de dépenses permanentes et peuvent être mieux outillés pour le retour aux activités normales à la suite d’une interruption de courte durée.

« Un certain nombre de changements climatiques sont maintenant ancrés, et les besoins sectoriels doivent en tenir compte dans la construction ou les développements qui sont censés durer des décennies », mentionne M. McAuley.

Les risques sont clairs. Les biens qui ne sont pas résistants au climat risquent de devenir désuets et de ne pas susciter l’intérêt de futurs investisseurs. D’autres risques réglementaires pourraient se présenter à mesure que les normes obligatoires s’accentuent, et des coûts supplémentaires pourraient être liés à la rénovation de propriétés pour respecter les nouvelles mesures.

« Il existe des pressions en matière de réglementation et les investisseurs se demandent si cette tendance s’amplifiera pour qu’ils puissent s’y préparer », déclare M. McAuley.

Amener la transparence vers de nouveaux sommets

Au cours des dernières années, l’exigence d’aborder le changement climatique a exercé de nouvelles pressions de transparence sur l’industrie immobilière.

Des plans d’action en matière de climat ont permis à certains pays tels que la Belgique de se tailler une place sur le Global Transparency Index (Indice de transparence mondiale) de JLL parmi les pays qui sont le plus améliorés. Cet indice comprend de nouveaux jalons pour évaluer les initiatives de résilience en prévision de cette tendance à la hausse.

Cependant, bien que la durabilité devienne un enjeu dominant pour le gouvernement, les investisseurs immobiliers et les locataires corporatifs, les mesures obligatoires demeurent limitées.

M. McAuley estime que les normes de résilience feront rapidement partie des enjeux essentiels à mesure que les investisseurs se départiront des bâtiments non certifiés de leur portefeuille et chercheront une norme minimale de protection contre le climat pour leurs nouvelles acquisitions. Il est également possible de rénover ou de réaménager des propriétés pour respecter les critères de résilience.

« Les investisseurs qui ne prennent pas au sérieux les futures répercussions du changement climatique pourraient tomber dans l’ombre », souligne M. McAuley.

Pour résister à l’épreuve du temps, les biens doivent respecter les objectifs de durabilité, et les mesures de résilience en feront partie intégrante », dit-il.