C’est officiel : le travail à distance est à présent bien établi
Une étude démontre que les politiques de travail flexible resteront bien en place après la pandémie, ce qui mènera les entreprises à redéfinir les bureaux pour un effectif moderne
La pandémie a donné lieu à ce qui est maintenant connu comme l’expérience de travail à distance la plus importante au monde. Une importante étude randomisée démontre que de nombreux travailleurs peuvent s’acquitter de leurs tâches à partir d’un divan ou d’une table de cuisine.
D’une certaine façon, il s’agit d’un succès monstre, et les travailleurs apprécient la flexibilité accrue. En même temps, la plupart des employés affirment qu’ils s’ennuient du bureau.
Bien qu’on ne sache pas exactement ce que l’équilibre bureau-domicile nous réserve, une chose est certaine : les entreprises et les travailleurs ne retourneront probablement pas à leur mode de travail précédent.
Une étude portant sur 2 000 travailleurs de bureau de 10 pays a démontré qu’une majorité désire travailler à distance plus de deux jours par semaine en moyenne, soit le double qu’avant la pandémie. Et trois quarts des employés désirent continuer le travail à distance sur une base régulière.
Ce changement, disent les experts, n’est pas apparu soudainement. Les entreprises ont examiné et adapté les politiques pendant des années pour répondre aux besoins de leur effectif moderne. Bien que certaines entreprises n’aient pas hésité à modifier leurs procédures, en testant les corrélations entre la productivité et la flexibilité, la crise en cours du coronavirus a mené plusieurs entreprises à adopter le travail à distance.
« Des entreprises de toutes sortes saisissent cette occasion unique de modifier le modèle de bureau et d’être à l’écoute des préférences de l’effectif, » déclare Marie Puybaraud, directrice de la recherche mondiale chez JLL.
Cependant, des questions demeurent sur ce que signifient les changements permanents et étendus dans les schémas de vie et de travail pour le bureau, qui est la base du travail traditionnel.
Qu’arrive-t-il au bureau?
Les investisseurs et les entreprises soupèsent ces changements dans la vie personnelle et professionnelle ainsi que leur impact sur les immeubles de bureaux que l’on retrouve principalement dans les grandes villes.
L’étude de JLL démontre que, malgré l’évolution du travail, les besoins en matière de bureaux ne diminueront pas. Près des trois quarts des participants à l’étude veulent pouvoir aller au bureau, alors que 70 % d’entre eux considèrent le bureau comme le meilleur endroit pour la consolidation d’équipe et l’établissement de liens avec la direction. Près de la moitié des employés s’attendent à avoir des espaces de bureaux pour socialiser.
« Je me suis ennuyée de la présence de mes collègues cette année et de pouvoir travailler dans un espace de collaboration, et je ne connais personne qui pense différemment », déclare Mme Puybaraud. « Le bureau fera toujours partie intégrante de la combinaison de la vie professionnelle et personnelle. Curieusement, la nouvelle fonction qui émerge peut nécessiter plus de pieds carrés pour faciliter ce schéma de travail en évolution, et pas moins. »
Les entreprises cherchent comment redéfinir et remanier leurs espaces existants pour répondre aux nouveaux schémas professionnels. Et le concept d’un « bureau à proximité » – des espaces de travail satellites près des secteurs où résident les employés – apparaît pour aider les personnes à trouver un meilleur équilibre entre la vie personnelle et professionnelle.
Comment les entreprises offrent du soutien
Les participants à l’étude déclarent qu’un bon équilibre entre la vie personnelle et professionnelle est maintenant plus important que d’avoir un bon salaire. Le travail à distance à grande échelle exerce une pression sur les employeurs, qui doivent soutenir leurs employés au bureau et à la maison.
Trois employés sur quatre déclarent qu’ils s’attendent à ce que les employeurs soutiennent leur santé, leur bien-être et leur nutrition. Le tiers demande une indemnité pour le travail à distance.
Certaines entreprises se démarquent déjà pour faciliter le travail à distance en proposant la livraison de repas, des fournitures et de l’équipement ou en versant des allocations en espèces. Google et Shopify sont parmi celles qui offrent des allocations.
« Les employeurs ne prenaient pas la responsabilité des employés travaillant à distance avant la pandémie, et ils ont maintenant reconnu cette nouvelle attente de l’effectif afin de conserver les meilleurs talents et de maintenir la productivité, » déclare Flore Pradere, directrice de la recherche chez JLL.
Cela pourrait aider à lutter contre l’isolement et l’épuisement. « Il y a une grande attention mise sur la santé mentale, le volet social et le bien-être émotionnel », dit-elle. « Vous avez un sentiment de maîtrise lorsque vous travaillez à domicile, mais vous pourriez ressentir un manque d’appartenance également. »
Des chiffres qui comptent
Dans ce nouveau contexte de travail, les entreprises cherchent des façons innovantes de mesurer la productivité. Dans un environnement d’entreprise qui met davantage l’accent sur les employés, les anciens outils ne fournissent plus un portrait complet.
« Il s’agit du rendement humain », déclare Mme Puybaraud. « Les entreprises doivent suivre l’état d’esprit des employés avant d’examiner la façon dont ils travaillent et les endroits qu’ils utilisent le plus. »
Ceci peut signifier le besoin de tenir plus de sondages de satisfaction auprès des employés pour surveiller leur état d’esprit et d’agir en fonction des résultats. D’ici 2025, JLL entrevoit que tous les employeurs utiliseront de façon continue de pareilles données pour contribuer activement à la qualité de vie de leur personnel.
Mme Puybaraud déclare : « Que ce soit une allocation pour le travail à distance, de nouveaux avantages ou une empreinte de bureau dispersée, la pandémie constitue une prise de conscience pour les entreprises qui doivent prendre soin de leurs employés. »