Aperçu du commerce de détail à Montréal
Augmentation des ventes et du trafic piétonnier malgré l’inflation et un retour au bureau limité
- William Schneider
- Heli Brecailo
Montréal voit le retour du trafic piéton, des étudiants et des touristes
Les voyages aériens à Montréal ont connu une augmentation remarquable, atteignant des niveaux rivalisant avec ceux d'avant la pandémie. Admtl a rapporté qu'entre janvier et mai de cette année, le trafic des passagers aériens à l'aéroport YUL a dépassé l'activité enregistrée pendant la même période en 2022 de près de 70 %. De manière intéressante, le trafic aérien en 2023 a même dépassé le volume enregistré en 2019, bien que seulement de deux points de base. Malgré les inquiétudes fiscales liées à l'inflation et à la hausse des taux d'intérêt, l'absence de restrictions de voyage, combinée à un fort désir d'expériences découlant de plusieurs années de demande refoulée, a créé des conditions favorables au tourisme.
Les données sur l'hôtellerie à Montréal reflètent une situation similaire. Selon l'AHGM et Tourisme Montréal, le taux d'occupation des hôtels au quatrième trimestre 2022 était de 68,4 %, à peine 1,5 % de moins qu'au quatrième trimestre 2019. Il est à noter que le coût actuel de la location d'une chambre à Montréal est supérieur de 22 % à celui de 2019, ce qui témoigne d'un retour en force du tourisme, ainsi que de la volonté des visiteurs de dépenser de l'argent à la recherche d'expériences dans la ville.
Grâce à un intérêt renouvelé pour les expériences, les restaurants de Montréal ont connu une forte augmentation de leur fréquentation en 2023. Les données d'OpenTable révèlent que Montréal a surpassé à la fois Toronto et Vancouver en termes de réservations de restaurants, avec une augmentation notable de 12 % entre le deuxième trimestre de 2022 et le deuxième trimestre de 2023. En revanche, Toronto et Vancouver n'ont connu qu'une croissance modeste, chacun enregistrant une augmentation de seulement 1 % pendant la même période.
La croissance du niveau d’activité au centre-ville peut également être attribuée à une fréquence accrue des étudiants universitaires et collégiaux assistant aux cours en personne. De l’hiver 2022 à l’automne 2022, la proportion d'apprentissage en personne par rapport à l'apprentissage virtuel a augmenté de 9 %, atteignant 96 %. Cette dynamique positive se poursuit sur plusieurs semestres et permet aux étudiants d'assister physiquement aux cours à un rythme similaire à celui d'avant la pandémie.
Le centre-ville de Montréal a observé le retour des touristes et des étudiants à des niveaux comparables à ceux d'avant la pandémie. Toutefois, la réintégration des employés de bureau dans leurs lieux de travail a été notablement plus lente, ce qui indique une présence prolongée de modèles de travail hybrides. Selon Altus, l'adoption de politiques de travail entièrement sur site parmi les employeurs a connu une croissance significative entre le T1 2022 et le T1 2023, presque triplée, passant de 5 % à 13 %. Bien que l'augmentation d'une année sur l'autre soit remarquable, il reste encore beaucoup de progrès à réaliser pour atteindre les niveaux de fréquentation des lieux de travail d'avant la pandémie. À moins que les employés de bureau ne reviennent à leurs niveaux de fréquentation des lieux de travail d'avant 2020, il est peu probable qu'il y ait une croissance significative du trafic piéton futur dans le centre-ville de Montréal.
Marché Local
Le marché de la location au détail à Montréal a connu une amélioration d'une année sur l'autre, grâce à une augmentation du trafic piéton avec le retour des touristes, des étudiants et des acheteurs dans le centre-ville. Le taux d'inoccupation est toujours supérieur aux niveaux d'avant la pandémie, cependant, des progrès ont été réalisés au cours des derniers trimestres.
Selon Statistique Canada, les loyers nets effectifs ont rebondi et sont maintenant 3,8 % plus élevés qu'en 2019. En comparaison avec Toronto et Vancouver, la croissance des taux de location à Montréal a été plus modérée, ces villes enregistrant des augmentations de 5,5 % et 8,8 % respectivement sur la même période. On s'attend à une hausse des loyers au cours des prochains trimestres, cependant, la campagne de resserrement fiscal de la Banque du Canada pourrait limiter le potentiel de croissance.
Dépenses solides en début d'année 2023, des problèmes potentiels à l'horizon
Les ventes brutes non ajustées de janvier à avril 2023, tant au niveau de la province qu'à Montréal, sont restées positives. Dans l'ensemble, comparées à l'année précédente, les ventes depuis le début de l'année ont augmenté de 7 % à Montréal et de 5,8 % à l'échelle provinciale. À Montréal, les secteurs qui ont connu une croissance à deux chiffres comprennent les soins de santé et les produits de beauté (19,6 %), les chaussures (14,7 %), les articles de mercerie (12,5 %), les véhicules automobiles et les pièces détachées (11,9 %) et les vêtements (11 %). Des gains plus modestes ont été observés dans les bijouteries et les articles en cuir (8,4 %), les épiceries (6,9 %) et les détaillants de produits alimentaires et de boissons (3,1 %). La croissance des ventes d'une année sur l'autre est un signe encourageant de la résilience des consommateurs, cependant, il est important de reconnaître que jusqu'en mars 2022, les restaurants, les bars, les casinos et les lieux de divertissement de Montréal étaient soumis à des limites de capacité et à d'autres restrictions, ce qui a eu des impacts néfastes sur les ventes potentielles pendant cette période.
De plus, les projections actuelles de Statistique Canada pour les ventes de mai et juin donnent un aperçu défavorable, suggérant que les consommateurs pourraient enfin être prêts à réduire leurs dépenses. À l'échelle nationale, les ventes pour clore le deuxième trimestre sont restées relativement stagnantes. Il semble que les efforts de la Banque du Canada visant à atténuer la consommation commencent à contraindre les consommateurs à revoir leurs habitudes de dépenses. De plus, le taux d'épargne des ménages continue de baisser par rapport aux niveaux records de la pandémie, ce qui conduit à une perspective plus modeste pour les dépenses de vente au détail à l'approche de la fin de l'année.
Alors que les dépenses de la vie quotidienne augmentent, on s'attend à ce que les consommateurs deviennent plus sensibles aux prix et axés sur la valeur, choisissant de réduire leurs dépenses lorsqu'ils le peuvent pour faire face aux conditions économiques en évolution. Cette tendance est déjà perceptible étant donné la forte hausse des ventes que connaît Dollarama. La marque a enregistré une impressionnante augmentation d'une année sur l'autre de plus de 17 % des ventes en magasins comparables pour le trimestre se terminant en avril. Il y a également eu 15 % de transactions supplémentaires, ce qui démontre comment les consommateurs se tournent de plus en plus vers Dollarama pour trouver des options abordables de produits de consommation, d'alimentation de base et de marchandise générale afin de limiter le choc des prix et de s'adapter à des budgets plus restreints.
Perspectives
Dans l'ensemble, le secteur de la vente au détail à Montréal a connu de nombreuses améliorations. Les taux de vacance ont diminué, tandis que la fréquentation piétonnière et les ventes ont continué d'augmenter. Les consommateurs commencent à ressentir les effets de la campagne de hausse des taux d'intérêt de la Banque du Canada. Cependant, des développements favorables au commerce sont en cours, ce qui facilitera et encouragera l'activité commerciale sur l'île et au-delà.